Perpétuelle bradycardie sous lumière artificielle 

Ces notes de voyage proviennent du Saguenay–Lac-St-Jean et de la Gaspésie, maintenant assemblées, elles introduisent une série photographique traitant de la banalité gaspésienne. Pas de fioriture, juste la documentation d’une réalité qui est mienne.

De la poésie « boboche » offerte par Émile Arsenault-Laniel

Sur la carte se dresse un trait de bitume dessiné à même la végétation. Il n’est pas question d’une interminable cicatrice d’asphalte sous mes pieds, mais plutôt d’une artère tâchant de faire battre ce qui subsiste dans ma poitrine. 

Les lampadaires éclairent brièvement mon visage avant de l’abandonner et de s’évanouir dans la noirceur de l’arrière-saison. 

De cette progression naît la carence. En regardant dans le rétroviseur, un seul constat. 

Les diamants ne brillent plus. 

Le silence règne au sein de l’habitacle, et c’est à ce moment que les flots assaillent mes tympans, martelant ceux-ci et m’enfonçant dans un vide ne m’étant plus inconnu. 

Au fond, les phares pourfendent l’abysse dépeuplé. 

Embuées, les fenêtres craquent les unes après les autres. L’extraction est douce-amère. 

Terminant de brasser mes complaintes élastiques, le gosier océanique me recrache sur la berge. 

Des regrets, c’est tout ce qu’on trouvera dans le sable. 

Les crissements des pneus usés se mêlent au capharnaüm urbain. En pénétrant dans la cité, la foule m’encercle, et cela bien involontairement. 

Les visages balafrés, les gratte-papiers trop saisis. 

Tous m’ignorent. 

En ce sens, le rêve prend refuge dans ce que l’on nommera une vieille caboche. Il me sera possible d’empoigner un simulacre d’allégresse à exposer aux plus envieux, mais pour l’instant, chacune de mes avancées ressemble au préambule d’une chute. 

En arrivant sous la coupole de la station-service, les néons statiques me gardent perceptible. Contre la devanture surgit un reflet élancé, voire difforme. Avec lui, traîne une constatation limpide.

Les diamants ne brilleront plus jamais.