Le corbeau de l’Opinion contraire

Par Nathan Lauzon

Photo par l’auteur

Les pleurs des nuages inondent les rues noyant les verres

Un homme vêtu de noir vole dans la ville de Montréal comme un corbeau

Il cherche un nid, il voudrait déposer ses ailes et ses vieux os

La chance, il trouve une auberge, elle ressemble à une poubelle

Le sombre colle les portes fermées, les mains glissantes sur le verre

Il observe de ses yeux de corneille

Les écriteaux indiquent que seuls les vêtus en blanc seront acceptés.

En calvaire, l’homme s’effondre.

Une jeune dame blanche comme un drap quitte le nid de pierre.

L’amoureux des oiseaux roucoule pour attirer son attention.

Elle l’ignore, sortant son couvre-pluie, elle s’envole abandonnant la terre.

La porte entrouverte laisse le passage au pauvre souillé,

Il accélère pour s’engager dans la fréquentation.

Dans la pièce ouverte siègent des dizaines de draps blancs.

Les yeux s’accumulent vers l’inconnu, ils lui affichent une tension

Celui qui s’occupe des boissons,

Lui dit de prendre ses pas à reculons , Car ici,

On n’accepte pas de votre population!

L’invité non invité dénonce cette discrimination.

Soyez raisonnable, voyons! À l’extérieur, il pleut des grenouilles et juger un homme

Sans même qu’il n’ait pu placer un mot?

C’est déshonorable! C’est sans cœur! Je ne suis pas un braqueur!

De cela, je ne suis pas non plus un truqueur! Je ne cherche qu’un nid!

L’imposant maître du bâtiment écrase les marches de ses pesants pas.

La foule de clients applaudit à son arrivée.

Le commandant tenant dans sa main un crucifix transperce l’air avec sa main d’autorité .

Les loyaux servants s’agenouillent devant sa splendeur.

Il prend la parole : Mais cet homme tente de nous détruire, regardez!

Il porte du noir, il cherche à nous renverser avec un coup d’État!

La foule avale ses accusations et leur rage s’avalanche en une gigantesque boule de neige.

Les tribalistes prennent les armes pour défendre leurs droits et leur roi!

Le pauvre corbeau s’enfuit de l’auberge, mais les minions le suivent d’une extrémité urbaine à l’autre.

Le troupeau l’attrape et ils se mettent à le déchiqueter.

Leurs armes transpercent, poignardent, explosent, implosent, amputent et arrachent.

Une main cramoisie de liquide écrase son bec

Et ses paroles s’envolent

Ses rêves s’évaporent

Son futur se raye par la croix!

Il ne faudrait surtout pas divaguer des conversations populaires

Car attention, le grand maître nous commande de ne s’entremêler qu’avec nos pairs

Attention, la déclinaison de la raison mènera à une implosion sociétale

Nos troupeaux homogénéisent leurs opinions devant cette force impériale.

Oublions les réflexions!  Nos opinions…  Peu importe, portons celles des autres!

Ils sont bons, non?