Par Émile Arsenault-Laniel
Dans le cadre d’une immersion culturelle au sein de la communauté autochtone du Lac-Simon, j’ai eu l’occasion de prendre quelques photographies. Il est question d’une population se battant pour l’obtention d’une autonomie collective et ce lieu de vie représente pleinement les problématiques déchirant cette dernière.
Les terrains sont pour la plupart jonchés de déchets prisonniers des parcelles de gazons. Un délestage s’étendant jusqu’aux murs des bâtiments pratiquement tous victimes de vandalisme. Des constructions n’appartenant pas aux résidents, mais au Conseil de bande de la réserve. Une situation entraînant toujours plus de délits puisque les fonds ne permettent pas de réparer les maisons, la municipalité préférant investir dans la construction de nouvelles résidences, la visibilité du vandalisme va conséquemment mener à plus d’actes de la sorte, comme l’avancent George Kelling et James Q. Wilson avec leur théorie de la fenêtre brisée.
Une église se tient fièrement au centre de la réserve. La religion catholique est présente et vient s’entrechoquer avec les croyances traditionnelles. Sur une note plus personnelle, j’ai eu l’occasion d’apercevoir un tableau représentant La Cène dans le logis abritant des Anishnabés pourtant très près des traditions ancestrales. Je regrette de ne pas avoir questionné davantage mes hôtes à propos de la présence de cette reproduction visible aux yeux de tous, mais force est de constater que le catholicisme s’est enraciné profondément dans leur quotidien.
Les aires de divertissement pour les jeunes sont présentes, mais pratiquement inutilisables. Ce facteur, couplé avec les traumatismes intergénérationnels et un premier cercle de socialisation défaillant permet d’expliquer les cas de consommation de drogue et d’alcool chez les plus jeunes.
Malgré tout cela, j’ai côtoyé un peuple bienveillant voulant s’affranchir de ces problématiques et partager avec de parfaits inconnus. Je me sens choyé d’avoir eu la possibilité d’entendre leur parcours et de voir qu’après une vie parsemée d’embûches, il est possible de pardonner et de s’ouvrir ainsi dans l’optique de mener à un monde meilleur.