UTEI : Récit d’un survivant

Par Anaïs Medouni et Marie Rhéaume

La pièce UTEI : Récit d’un survivant, produite par les productions Menuentakuan et mise en scène par Xavier Huard au Studio Hydro-Québec à Montréal le 3 mars dernier a présenté le témoignage poignant d’Omer St-Onge, survivant des pensionnats pour autochtones.  

Omer Saint-Onge y raconte son expérience, mais aussi le récit de ses amis et les souffrances qui en résultent aujourd’hui : alcoolisme, overdose, suicide et itinérance. Au-delà d’un témoignage unique, la pièce est un véritable cri du cœur de ces centaines d’enfants aujourd’hui adultes qui sont abandonnés à ce souvenir douloureux des pensionnats. Tandis que pour le spectateur, la pièce est un rappel de cette période des plus sombres de l’histoire autochtone au Québec. 

La tradition orale à son paroxysme 

Avant tout, Récit d’un survivant est une histoire racontée. C’est une histoire qui s’inaugure et qui se clôt sur un chant comme un appel par la voix d’une boucle bouclée, une longue marche longue et dure qui se termine enfin. L’autrice innue Naomi Fontaine écrit dans son livre-essai Shuni : « La vie est un cercle ». La vie, le chemin que l’on fait et que l’auteur décrit depuis ses premiers pas en raquettes jusqu’à la tumultueuse épopée de sa guérison peut facilement être imagée par ce cercle. Un cercle qui ramène à soi, vers l’affirmation de son identité et de son acceptation, à chaque fois un peu plus. 

La tradition de l’oralité possède une place prépondérante dans la culture des Premières Nations. Omer St-Onge nous plonge tête première dans le flot de cette tradition avec un texte et un jeu dénué de tout superflu où l’histoire racontée et la voix sont maîtres et chefs d’orchestres de nos émotions. 

Le décor de la scène n’est garni de quelques éléments rudimentaires : une tente de laquelle émerge l’acteur au début, un lit en métal, celui du pensionnat, et une chaise sur laquelle St-Onge a délivré les quelques lignes les plus poignantes de son récit. Malgré cela, son témoignage n’a pas manqué de nous faire voyager et de nous faire voir ce qu’il racontait. 

La compagnie de productions Menuentakuan proposera au mois de mars les pièces Mashinikan au théâtre du Mont-Jacob à Jonquière et alterindiens au Diamant à Québec. De plus, ils s’associeront en été au théâtre montréalais Aux Écuries pour devenir l’une des compagnies co-directrices de ce théâtre.