Par Pauline Pagniez
Avant de pouvoir parler de l’histoire des tabous sexuels et de ce qu’elle comporte, une question se pose : Qu’est ce qu’un tabou ? La réponse est bien simple et pourtant compliquée à cerner. Le tabou relève d’une interdiction de dire ou pratiquer quelque chose, due à des contraintes sociales, religieuses ou culturelles. On comprend donc que ce dernier change et prend différentes formes selon les sociétés, leurs croyances, leur histoire ainsi que leur culture.
Même en Occident, les tabous ne se gèrent pas de la même façon dans chaque pays. Malgré qu’ils soient pour la plupart les mêmes, leur façon d’être gérés dans la société dépend des normes et codes sociaux changeant en fonction de l’âge, des classes sociales, du statut et de l’espace. En France, le sujet de l’inceste, tabou (donc « interdit ») de nos jours, n’est cependant pas puni par la loi si les deux partenaires y consentent et que la majorité sexuelle de 15 ans est respectée. En revanche, en Allemagne, au Royaume-Uni ou au Danemark, le code pénal l’interdit! Cependant, les sociétés évoluent sans cesse et leurs normes et codes sociaux avec elles ; c’est pour cela que les tabous changent et évoluent comme nous allons le voir.
Que ce soit à l’Antiquité, au Moyen Âge, à l’Époque moderne ou à l’Époque contemporaine, l’Occident a connu de nombreux sujets tabous surtout à cause des croyances, de la religion ou même des normes sociales des différents peuples. Ce que l’on peut dire d’eux est qu’ils changent énormément en fonction des époques et peuvent parfois être très différents de ceux d’aujourd’hui. Cependant, le sujet parfois tabou, parfois accepté, traversant les quatre époques, est celui des relations sexuelles et le plaisir accompagnant celles-ci ainsi que l’orientation sexuelle et ce qui se rapporte au corps.
L’orientation sexuelle était un sujet qui ne dérangeait pas dans l’Antiquité. Les hommes et femmes choisissaient leurs partenaires sexuels du moment qu’ils remplissaient leur devoir de reproduction en ayant des enfants. Les termes homosexuel et hétérosexuel n’existaient pas puisque les enjeux des relations étaient plutôt dus aux classes sociales et donc au concept « dominé-dominant ». Par conséquent, l’âge dans les relations n’était pas non plus objet de tabou comme il l’est actuellement. Beaucoup pratiquaient la « pédérastie », ce qui consiste à éduquer sexuellement un enfant en passant par des relations sexuelles. Les filles, se mariant également très jeunes, souvent juste après l’arrivée des premières règles, pouvaient se retrouver avec des hommes bien plus âgés qu’elles. Cependant, des lois assez strictes contraignaient certaines choses ou en autorisaient d’autres lors de rapports sexuels comme dans le Code d’Hammurabi. Au Moyen Âge, l’arrivée de la religion chrétienne en Occident changea complètement les rapports à la sexualité et aux rapports entre deux partenaires et devint tabou. L’amour n’avait presque plus aucune importance puisque le seul but était de se reproduire et non d’éprouver du plaisir, de nombreuses pratiques sexuelles étaient interdites par l’Église et la question de l’homosexualité n’était même pas posée puisqu’elle était interdite par l’Église, il fallait donc se cacher. Malgré cela, on discutait de sexe et la sexualité n’était pas toujours un sujet à éviter chez les populations. Cette même mentalité continua de persister pendant l’Époque moderne et s’accentua. On vivait dans une philosophie du « refus » mise en place par l’Église où montrer en public des comportements intimes et parler de sexe était honteux et parfois même puni socialement puisque cela dégradait le statut social de la personne concernée. C’est de nos jours, durant l’Époque contemporaine, que la question de la sexualité et de l’orientation sexuelle ressort dans les discussions pour finir par n’être presque plus tabou.
Le corps et plus précisément celui de la femme a été un sujet sensible durant presque toutes les époques dominées par les hommes. Qu’est ce qui dérange ? Les menstruations évidemment ! Dans l’Antiquité, les femmes ayant leurs menstruations pouvaient ne pas être acceptées dans certains temples et le sujet était considéré tabou dans ceux-ci puisqu’avoir ses règles était impropre et montrait une sorte d’imperfection chez la femme. On évitait de les approcher par peur d’attraper une maladie comme la lèpre, tout ce qu’elles touchaient était contaminé et surtout on évitait les rapports sexuels de peur de finir déformé. Toujours au Moyen Âge, la religion punissait par exemple un couple ayant des rapports pendant les règles de la femme. Une femme ayant ses règles était accusée lorsqu’un malheur survenait ; étant considérée inférieur à l’homme, on remettait tout sur elle. Avoir ses règles était plus considéré comme une maladie qu’une normalité. On ne disait donc pas quand on avait nos règles et ce sujet n’était jamais abordé. À l’Époque moderne, il n’était toujours pas question pour les femmes de faire savoir qu’elles avaient leurs règles. Comme pour la sexualité, tout ce qui était relié au corps était tabou, notamment à cause de la religion. C’est seulement à l’Époque contemporaine que, grâce notamment à la science, les règles deviennent quelque chose de normal et de reconnu comme bénéfique pour le corps. Le sujet n’est plus tabou mais il a encore du mal à être abordé sans gêne, notamment par les hommes.
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