Par KidaLauzia Paquette
Il est tard, très tard. La maisonnée n’est que silence, comme si la vie s’était arrêtée durant le sommeil de l’être humain. Il fait noir, très noir. Aucune lumière ne traverse le ciel, comme si la lune avait décidé de prendre un congé. Et au milieu de cette absence de vie, il y a une petite fille. Elle ne doit pas avoir plus de sept ans et pourtant, sa vie ne s’est pas mise sur pause comme celle de sa famille. Car pour elle, la pause d’autrui est synonyme de liberté. Pour elle, sa vie débute lorsque pour les autres, elle s’arrête. Il n’y a personne pour la regarder, personne pour la juger, personne pour lui dire quoi et comment faire… La liberté dans toute sa grandeur, voilà ce que signifie la nuit pour cette fillette. Et alors que le noir l’enveloppe dans un halo de promesses et d’espoir, elle s’assoit sur son lit, les yeux fermés et le sourire visible. La nuit est l’occasion, pour elle, de rejoindre ceux qui l’aiment vraiment, ceux qui l’acceptent telle qu’elle est. C’est l’occasion de rejoindre la vie qu’elle désire plus que tout, la vie qu’elle mérite. Et ils l’attendent, elle le sait très bien. Alors elle se concentre, elle vide sa tête. Elle ne pense qu’à les rejoindre, qu’à finalement vivre…
« À quoi penses-tu, petite princesse? » Lorsqu’elle ouvre à nouveau les yeux, il est là, à ses côtés. Ils sont tous là, à la regarder avec amour. Un autre enfant aurait pu craindre ces dizaines de petits monstres à la peau rouge, mais pas elle. Même lors de leur première rencontre, elle n’avait pas fui ni crié. Elle avait soutenu leurs regards, leur avait même souri. Et ils sont devenus amis. Tous amis. Même s’ils sont différents d’elle, même s’ils ont des cornes et deux yeux où « le noir remplace les trous blancs », même si leur peau est rugueuse au toucher… Oui, malgré leurs différences, elle sait qu’ils sont gentils. Elle sait qu’ils sont là pour la protéger, lui redonner le sourire lorsqu’elle n’est pas bien. Ils sont ses amis, ses meilleurs amis. Elle se confie à eux, partage tout. Elle pleure sur leurs bienveillantes épaules, elle rit de leurs blagues pas toujours drôles. Qu’ils aient la peau rouge ou blanche comme elle, peu lui importe. Car à ses yeux, ils ne sont pas des monstres, ils sont ceux qui lui offrent la vie qu’elle veut. Alors, en les regardant, tous assemblés autour d’elle comme à chaque nuit, son sourire s’élargit. « Je ne pensais à rien de bien important… Juste à quel endroit nous allions visiter cette nuit! » Le monstre auquel elle répond lui offre un sourire en présentant sa main, qu’elle n’hésite pas à prendre, l’entraînant par la fenêtre de sa chambre. « Peu importe où la petite princesse le souhaite, nous l’emporterons à cet endroit avec le plus grand des plaisirs… »
Il est tard, très tard. La maisonnée n’est que silence, comme si la vie s’était arrêtée durant le sommeil de l’être humain. Il fait noir, très noir. Aucune lumière ne traverse le ciel, comme si la lune avait décidé de prendre un congé. Et au milieu de cette absence de vie, le lit d’une fillette d’à peine sept ans est vide, tout simplement vide. Et la fenêtre? Grande ouverte; c’est la seule preuve de l’existence de cette même fillette…