L’ours polaire : Pourquoi le Québec ne protège-t-il pas cette espèce au statut préoccupant?

Par KidaLauzia Paquette

Beaucoup d’indignation a pu être observée sur Twitter ce dimanche dernier, alors que la population du Québec apprenait la mort de l’ours polaire ayant été aperçu en Haute-Gaspésie en fin de semaine. Rappelons la situation : l’ours polaire s’est retrouvé à marcher dans un quartier de la Gaspésie ce week-end, un phénomène que la protection de la faune et d’autres experts décrivent comme « jamais arrivé auparavant ». Bien entendu, bien des Québécois se sont mis à suivre les nouvelles de la traversée de l’ours, se demandant ce qui allait arriver à cet animal en voie de disparition à cause du réchauffement climatique. Les citoyens ont tôt appris le triste sort de cet ours dimanche, lorsqu’il fut tué par les autorités.

La Sûreté du Québec a en effet déguisé ce que la population décrit comme un « meurtre cruel » sous le mot de « neutralisation ». Fiers d’eux-mêmes, ils ont publié sur Twitter le statut suivant : « #ÉvénementTerminé | Ours polaire neutralisé dans le secteur de Madeleine-Centre. L’alerte envers les citoyens est levée.  Les agents de protection de la faune. @MFFP_Quebec ont neutralisé l’animal. ». Malheureusement, la réaction des Québécois ne fut sûrement pas celle à laquelle les autorités s’attendaient! Indignation, frustration, réprimande, déception et tristesse sont les sentiments les plus notables qui ont parsemé chacun des commentaires sous cette publication. Pas seulement dans les commentaires, mais aussi partout sur Twitter pouvons-nous apercevoir des reproches, parfois très colorés, contre cette décision qui en ont choqué plus d’un. Des commentaires tels que « Ils l’ont tué c’est plus facile pour eux voyons », « C’est toujours la solution pour eux… coûte moins cher à l’État une balle et le salaire de 2-3 agents du ministère (faut bien justifier leur job) que de payer un avion puis de le ramener dans le nord. C’est pas une espèce en danger en plus ? pfff… » et « Un original perdu en ville a également été assassiné par les autorités à Québec l’an passé… svp assumez vos actes. » sont une preuve flagrante de cette indignation que l’histoire de cet ours a suscité chez la population québécoise.

Néanmoins, le gouvernement québécois excuse son comportement insulté par la population en disant que c’était nécessaire à la sécurité de la population. C’est exact, selon un article de La Presse, « Sylvain Marois insiste sur la dangerosité de l’animal, «le plus grand prédateur [terrestre] de l’Amérique du Nord», une espèce avec laquelle le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) «n’a pas affaire très souvent», pour expliquer le choix de l’abattre. » La donc « cruelle » décision des experts qui a tant suscité de rage chez la population était une décision difficile pour le gouvernement, pourtant nécessaire. Selon eux, la solution que les citoyens trouvent pourtant si simple, qui était celle d’anesthésier l’animal pour le transporter chez lui, est en réalité une solution qui est beaucoup plus compliquée que ce qu’il n’y paraît, notamment à cause du manque d’habitude d’avoir un ours polaire au sud du fleuve. En effet, les différences notables entrent l’ours blanc et l’ours brun sont les suivantes : « L’ours polaire est plus gros que de nombreuses sous-espèces d’ours brun. (…) L’ours polaire a des pattes plus grandes avec des papilles molles sur les pattes, mais les ours bruns ont des pattes plus petites sans papilles sur les pattes. » Or, comme le font remarquer les autorités et les experts, le Québec est habitué à s’occuper des ours bruns, pas des ours polaires, qui sont plus imposants. Ainsi, leurs cages de transport sont plus petites, leurs anesthésiants pas assez puissants. Transporter cet ours polaire aurait donc été encore plus dangereux, car il y avait plus de chances que ce dernier se réveille en colère et se mette à attaquer la population. De plus, si l’ours avait été laissé plus longtemps en Gaspésie sans nourriture, il aurait pu commencer à entrer dans les maisons et attaquer les Québécois, l’ours polaire étant un pur carnivore contrairement à l’ours brun. Ainsi, les autorités n’avaient pas le temps de réfléchir à une alternative pour protéger l’animal, et ne pouvait pas le déplacer à cause des ressources manquantes. Cela n’a donc laissé qu’un seul choix : la neutralisation.

Que ce soit un bon ou mauvais choix, ou le seul, cette histoire a tout de même eu un grand impact sur la population québécoise, qui est attristée par cette nouvelle. Beaucoup parlent de l’injustice de la situation, l’ours s’étant très certainement retrouvé en Gaspésie à cause du réchauffement climatique, un phénomène créé par l’homme. D’autres sont révoltés par le choix que le gouvernement a fait alors même que l’espèce de l’ours polaire est en danger, devenant presque « une espèce en voie de disparition ». Mais il reste une question bien importante à laquelle la population québécoise doit réfléchir : considérant qu’il n’est pas possible de transporter l’ours polaire pour cause de ressources manquantes, quelle solution aurions-nous dû mettre en place en si peu de temps afin de sauver cet animal?


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