Une série photographique produite par Émile Arsenault-Laniel
J’ai beaucoup voyagé, ces derniers mois. Pas de grands périples qui méritent votre pleine attention, mais plutôt des balades avec un appareil dans le fond de mon sac ou dissimulé près de mon corps, lui-même emmitouflé sous plusieurs couches de vêtements. Des séances d’observation se déroulant dans le fin fond d’un rang gaspésien ou dans les ruelles crasseuses du centre-ville.
Les engelures finissent par se résorber, les factures émises par les stations-service meurent dans ma portière avant d’atteindre le recyclage. Fatalement, mes souvenirs s’amenuisent aussi.
Les photographies seront les seules traces qui persisteront, malgré le temps. Des petites fenêtres s’ouvrant sur des scènes immortalisées, des moments privés de contexte qui de facto vivent par eux-mêmes. Évidemment, il n’est pas possible d’évacuer la notion du réel en photographie, puisque mon errance est la source du travail offert. De ce fait, je suis l’acteur de mon parcours, mais le témoin d’une multitude d’épisodes uniques.
En ce qui me concerne, les histoires partageront tout de même quelques similitudes.
De la résilience. Le raclement des semelles de bottes. Un froid mordant. Une quiétude certaine.
En somme, ce qui correspond à la température québécoise.