Par Luca Decurtins (avec l’infime collaboration d’Émile Arsenault-Laniel)
La chasse-galerie (Québec)
La chasse-galerie est le récit d’un groupe de personnes voulant parcourir une distance de cent lieues à travers la forêt vierge pour atteindre leur destination, la ville de Lavaltrie. Ils sont tous bûcherons et veulent rejoindre leurs douces pour le réveillon. Huit aventuriers décident alors de conclure un pacte avec le diable en personne, permettant ainsi à un canot d’écorce de s’envoler à travers les cieux. Ils vont bel et bien fendre le ciel, mais sous certaines conditions : ils ne peuvent pas mentionner le nom de Jésus, toucher une croix ou retourner au campement passé six heures du matin, sinon le diable s’emparera de leur âme et conservera ces dernières pour l’éternité. En arrivant auprès des gens aimés, ils font la fête et prennent un peu trop de rhum. Sur le chemin du retour, le capitaine de l’embarcation semble perdre le contrôle et finit par crier à Dieu et souligner Jésus. Les autres ivro… membres de l’expédition essayèrent de l’en empêcher, mais bien trop tard. Après cette tentative, ils s’écrasèrent lamentablement au sol et furent éjectés avec violence du bateau enchanté. La chute brutale assomma les matelots improvisés et ils ne se réveillèrent qu’après avoir été traînés en enfer. Les voilà prisonniers du royaume de Satan pour l’éternité.
*Plusieurs versions de cette légende traditionnellement partagées à l’oral existent. Certaines se terminent mieux pour les bûcherons.
Le Samichlaus et le Schmutzli (Suisse)
L’iconique duo envahit les rues suisses. Tels des rôdeurs, ils vont à la rencontre de tous les enfants, lors de la nuit du 6 décembre. Le Samichlaus est en quelque sorte l’équivalent suisse du Saint-Nicolas. Ce dernier porte des vêtements qui rappellent ceux du Père-Noël. Le Schmutzli est le contraire du Samichlaus, une version négative et représentant le côté obscur de la fête. À l’inverse, le Schmutzli est vêtu de vêtements sombres et arbore une barbe hirsute. On le retrouve aussi muni d’une arme; son outil de torture peut être variable, mais le fouet est le plus souvent utilisé. C’est d’ailleurs d’où lui provient son nom français : « Le père-Fouettard ». Il est vêtu salement et représente un personnage pauvre et sans éducation. C’est de là que provient son nom avec le mot « Schmutz » en allemand, qui signifie « saleté ». Son apparence et son rôle inspirent la peur dans le cœur des enfants. Il les punit en les poursuivant pour les attraper dans l’optique de faire travailler son fouet. Il les motive ainsi à être sage durant toute l’année. Un bon comportement permet d’éviter son châtiment en plus de recevoir la friandise du Samichlaus. Traditionnellement, ces récompenses sont des oranges et des cacahuètes, mais l’ère commerciale dans laquelle nous vivons en déroge parfois. Cette histoire remonte à plusieurs siècles et c’est l’un des mythes les plus connus et célébrés en Suisse.
Le réveil de Monsieur Plogojowitz (Serbie)
C’est en 1725 que Peter Plogojowitz trouve la mort. Dix semaines après l’évènement et à la surprise de sa femme, il sera retrouvé devant la porte de sa demeure demandant une paire de chaussures. Après cette rencontre, le défunt quittera et ne sera pas aperçu une nouvelle fois, pas dans l’immédiat, du moins. Quelques jours après cette rencontre morbide, des habitants du village sont retrouvés assassinés. Le suspect numéro #1 était évidemment le mort-vivant aperçu plus tôt dans la semaine. Une escouade fut formée et prit la direction de la tombe de Monsieur Plogojowitz. Une fois ouverte, la porte du cercueil laissa place au corps d’un homme. Ce dernier n’était pas en état de putréfaction. À vrai dire, il semblait en pleine forme et le contour de sa bouche était maculé de sang. Les paysans s’empressèrent de planter un pieu au plus profond de son cœur. À la suite de cette profanation de sépulture, il n’y aura plus de mort inexplicable et le vampire restera dans sa tombe, mais cette fois pour de bon.
*Une histoire exceptionnellement écrite en entier par Émile. (Oui. La gastro ça fesse.)