Par Pauline Pagniez
Bien souvent, l’inconnu nous effraie, ce que nous ne connaissons pas ou ce qui est trop éloigné pour qu’on puisse même en savoir l’existence. Certains endroits restent mystérieux, inaccessibles et trop différents de notre environnement pour que l’on veuille s’y aventurer. Les îles au milieu de l’océan, les zones gelées, les déserts, les forêts tropicales et même les profondeurs de l’océan; ce sont ces endroits qui nous font peur mais nous fascinent, nous intéressent mais pas assez pour les explorer. Cependant, ces parties du monde inexplorées peuvent-elles être habitées? La réponse est oui et l’inconnu est bien présent, alors pourquoi ne pas s’y intéresser plutôt que de s’en tenir éloigné?
Dans le cadre de mon cours d’Individu et société avec Amélie Chanez en profil Monde du programme Sciences humaines, j’ai eu la chance d’étudier une tribu éloignée à l’aide d’un documentaire. C’est avec « L’exploration inversée par deux Papous » que j’ai découvert la tribu des Hulis en Papouasie-Nouvelle-Guinée située en Océanie, dans l’océan Pacifique. Les habitants de cette île ont décidé de garder un mode de vie assez traditionnel dans un monde moderne.
C’est là que le photoreporter Marc Dozier décide de s’intéresser à cette population restée en dehors de la mondialisation. Après avoir vécu et été en contact pendant dix années avec la tribu, il s’est fait connaître des habitants, des chefs, s’est laissé porter par les traditions, les chants et les danses et tous les autres rituels. Il a interrogé, analysé et photographié les habitants, l’environnement, les villages et leur mode de vie. C’est à partir de ces observations que l’on peut maintenant s’informer sur la tribu, la découvrir, apprendre à s’y intéresser et ne plus craindre cet inconnu. Dans le documentaire, ce sont deux Papous qui visitent la France et y découvrent un univers leur étant complètement étranger. Grâce à ce choc culturel entre le traditionnel et le moderne, on voit ressortir des contrastes intéressants entre « notre monde » et le reste, ce qui nous fait prendre conscience de ce qui existe et qu’au final notre vision des choses est parfois étroite et conformiste. Permettons-nous de nous éduquer sur un environnement, une population, une culture nous étant totalement inconnue et bien différente des autres, de « la nôtre » pour s’ouvrir sur le monde et ce qu’il a à nous offrir.
Les grands pays et grandes puissances, mais aussi les peuples ayant participé aux différentes guerres, ayant rencontré d’autres peuples, s’y étant mélangés, ont fini par définir un concept de « nation », des pays, des états, des continents : ce sont de ces pays que l’on parle dans nos cours d’histoire, dans les journaux, à la télé ou simplement dans les discussions entre amis. Il existe cependant une multitude de peuples et tribus répartis sur le globe et vivant différemment les uns des autres et de nous. La tribu des Papous, ou bien tribu des Hulis, est l’une des communautés autochtones vivant en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Celle-ci accorde une grande importance aux plumes, ce qui la démarque des autres tribus; posséder des plumes chez les Papous est réservé au chef et est un signe de richesse et de pouvoir. Ce sont les hommes qui s’en occupent en les assemblant pour en faire des coiffes, ceci étant une tâche importante que les femmes ne pourraient effectuer dans une société traditionnelle.
Cette communauté s’organise donc autour d’un chef qui décide pour la tribu et a tout le respect de ses membres. Celui possédant le plus de cochons obtient le respect et devient donc chef car une personne est chef chez les Hulis lorsqu’elle est jugée digne de l’être. Le cochon est un animal sacré que la tribu sacrifie pour influencer les morts et les rendre plus agréables avec les vivants, d’où son importance pour un chef. En effet, les Papous sont très croyants et s’adonnent au culte des morts, qui, selon eux, vivent parmi les vivants, viennent les hanter. Ils craignent la mort et la vieillesse et préfèrent ne pas y penser. Pour accompagner leurs croyances, ils dansent sur des chants et au son des tambours tous ensemble dans une suite de danses traditionnelles, ce qui renforce leurs liens sociaux. Justement, sur le plan social, la tribu s’organise de façon hiérarchique avec des clans et des sous-clans, des familles qui interagissent entre elles, s’associent, donnent leurs filles en mariage et s’entraident.
Le corps est un sujet tabou, les hommes et femmes ne peuvent se dévoiler qu’à leur partenaire. Pour les femmes notamment, un homme ne peut regarder ses jambes à moins que ce soit son mari. Le commerce est basé autour du troc de femmes, de coquillages, de plumes et évidemment de cochons; la monnaie occidentale est très peu reconnue. La communauté est bien plus importante que l’individu lui-même dans ce peuple, elle s’auto-suffit, pratique l’économie simple de subsistance, attache une grande importance à la famille et notamment aux personnes âgées qui, du fait de leur sagesse et de leur vécu, transmettent leurs connaissances et leurs conseils aux plus jeunes. Le respect et la communauté sont les valeurs principales de la tribu.
Leur langue, que l’on considère comme dialecte, est évidemment très différente de la nôtre et de toutes les langues dites « populaires ». Par exemple, il n’existe aucun mot pour dire « merci », « bonjour » ou « au revoir », puisque chez eux la politesse n’a pas besoin d’être exprimée, elle est constamment présente. En bref, la tribu des Hulis en Papouasie-Nouvelle-Guinée fait partie des communautés autochtones les plus primitives avec un mode de vie très traditionnel et ancien. Intéressante pour les sociologues, elle est la preuve que chaque peuple évolue à son rythme, différemment, et peut se tenir éloigné du reste du monde tout en vivant paisiblement.
Pour en savoir plus et découvrir en images la tribu des Papous, je vous invite à acheter le livre de Marc Dozier : La fabuleuse tribu des Papous (56 pages + livret de 24 pages, disponible chez Renaud-Bray)