Par Noah Boisjoli-Jebali
dans ma montgolfière
je me suis hissé vers les nuages
loin des lames de fond
et du brouhaha des oiseaux
j’ai crié à l’horizon
en espérant déclencher une avalanche
pour voir les bancs de nuages se soulever
et engloutir ma montgolfière
alors, me disais-je, je n’aurais plus à penser
et la tête retournée je pourrais observer
l’arc-en-ciel des autoroutes enchevêtrées
le défilé des fils électriques
et les bonhommes de personnes
coincés dans leurs lendemains inassouvis
et je ne me sentirais pas concerné
mais j’ai crié et la Terre n’a pas bougé
sa courbe me parvenait au bout de ma vision
telle une frontière impavide où s’arrêtaient mes plaintes
suspendues en effet de serre
et de ma montgolfière j’ai vu l’espace
et le Soleil et la Lune
et Saturne étourdie
puis l’éternel où les comètes filaient en trombes de feu
ne laissant pas le temps aux voyageurs de montgolfières
de faire un vœu
à des années-lumière de moi
une ambulance passa sans bruit